Le nouveau film de Jacques Audiard défie les conventions et pousse encore plus loin le réalisme stupéfiant des réalisations précédentes du cinéaste. C’est ce qui a motivé A Plus Finance à investir dans ce projet risqué.

Des dialogues essentiellement en langue Tamoul, une histoire sur fond de violence et de mensonge… Pour Dheepan, Audiard prend ce que la plupart verraient comme des risques insensés, surtout dans un milieu régit de plus en plus par les performances au box office ; pour le cinéaste français ce sont simplement les moyens honnêtes de raconter son histoire. Celle de trois immigrés fuyant la guerre civile au Sri Lanka ; un ancien soldat, une jeune femme et une petite fille qui doivent alors se faire passer pour une famille traditionnelle. Réfugiés en France dans une cité sensible, se connaissant à peine, ils tentent de se construire un foyer.

Au consensus général la force du film est d’allier aussi bien des conflits tamouls que les luttes internes de la société française. Pour autant cette fresque, empruntant aux codes du film de genre, ne traite pas seulement d’immigration et de violence puisque les personnages sont d’abord plongés dans un drame familial et domestique. Les liens d’affections sont artificiels et l’amour, faute de posséder l’évidence légère que le cinéma hollywoodien a pu lui attribuer, doit se construire.

Le film financé par A Plus Finance sort ce mercredi en salle, ce qui va permettre au grand public de découvrir la première palme d’or du cinéaste français à la renommée internationale. Jacques Audiard avait cédé le prix cannois deux fois de suite devant l’autrichien Michael Haneke. Avec Dheepan il prend sa « revanche » dans les règles de l’art.